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Cinéma: soigner son grimage de marque

Cinéma: soigner son grimage de marque

Créatures de rêves et monstres de tout poils : comme jadis au théâtre, acteurs et actrices de cinéma ne s’imaginent pas sans maquillage. Mais ce qui hier était encore un métier artisanal devient une science à la pointe du numérique. Retour sur cinq visages de l’usine à rêves.

Qu’est-ce que le maquillage sinon une mise en scène? Une représentation de soi (ou de « l’autre », comme dirait Rimbaud)? Figures imposées de la séductrice aux lèvres flamboyantes, de la sportive au teint hâlé, de l’élégante poudrée, de la rockeuse à eye-liner, de la jeune fille au gloss «naturel». La servante Dorine a les joues plus rouges qu’Agnès l’ingénue, Dona Josefa est une duègne revêche et ridée, aussi voûtée que le chenu Géronte ; et quand le valet Sganarelle va mal rasé, Dom Juan a la bouche vermeille et la perruque talquée.

Tournant 1910, les grimages théâtraux s’adaptent à l’hasardeuse sensibilité de la pellicule dans les premiers studios hollywoodiens: certains visages sont badigeonnés d’un vert martien censé camoufler les rougeurs, ou de parme pour blanchir la peau. L’œil charbonneux de Musidora doit autant au caractère du personnage qu’à la nécessité d’imprimer l’image. Réalisé au pastel gras ou à la suie, cet artifice donne naissance au crayon pour les yeux actuel. Les faux cils, eux, sont l’œuvre du célèbre Max Factor pour une starlette nommée Phyllis Haver (idem le fond de teint « pancake »). Quant à l’eye-liner, inspiré, dit-on, par l’allumette consumée que Marlène Dietrich utilisait pour intensifier son regard, on le doit aux frères Westmore, fondateurs d’une dynastie toujours active.

http://next.liberation.fr/cinema/2014/06/02/cinema-soigner-son-grimage-de-marque_1008019

 

En 1969, le dénommé John Chambers reçoit un Oscar d’honneur pour la Planète des singes. Onze ans plus tard, il met au point la transformation physique des diplomates confinés dans l’ambassade américaine de Téhéran, leur permettant, comme raconté dans le film de Ben Affleck Argo, de se faire passer pour des cinéastes canadiens en repérage et les aider ainsi à sortir du pays. Les make- up artists peuvent faire des miracles.

Marilyn Monroe, clown sublime

Marilyn Monroe (1947).Marilyn Monroe (1947). Photo Corbis All Rights Reserved. 

Moins bien payée que les chefs maquilleurs de ses dix premiers films (jusqu’à Niagara, 1953), Marilyn aurait pu se farder seule et dans le noir. Elle savait comment agrandir son regard en soulignant l'intérieur de sa paupière de crayon blanc. Coupait ses faux cils pour n’utiliser que la moitié extérieure. Touillait ses rouges à lèvres en mélangeant plusieurs couleurs entre elles. Et n’omettait jamais de s’enduire le visage d’une crème aux extraits hormonaux, cause du duvet aussi imperceptible que formidable attrape-photons, qui tapissait sa peau. La photogénie expliquée par les perturbateurs endocriniens… Un fond de teint très pâle, pareille la poudre, à peine de blush, des cheveux décolorés: c'est le look blanc sur blanc dit de «la taie d’oreiller sale» comme elle l’avait elle-même défini.

Pour Olivier Echaudemaison, directeur artistique chez Guerlain «ce look quasi clownesque serait un désastre sur quelqu'un d'autre: le blond demande une carnation rosée alors que la sienne est très claire. Et normalement, une bouche rouge soulignée ne convient pas à une chevelure platine. Mais sur elle, c’est formidable».

Aussi douée fût-elle, miss Monroe bénéficia tout de même de l’aide d’un vrai pro, Allan Whitey Snyer, qui pendant des années, témoin de l’intime, ne la quitta pas d’un pas, devenu l’un de ses plus chers amis. En 1952, elle lui soutira la promesse de la faire belle jusqu'au tombeau: dix ans après, anesthésié au gin, le brave homme tint parole, juste avant la mise en bière.

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