Jack Nicholson, le Joker dans Batman de Tim Burton (1989). Collection Christophel.
Est-ce encore du maquillage? À mesure des progrès techniques, le métier se confond de plus en plus avec les effets spéciaux. Ainsi en 2008, pour l'Étrange Histoire de Benjamin Button, caméras et ordinateurs synchronisés ont capté toutes les facettes de Brad Pitt. Le résultat a été moulé dans du plâtre, modèle à son tour numérisé puis substitué informatiquement au visage du comédien après le tournage. Plus complexe que de fabriquer les usuelles larmes, sueur, coquarts du maquillage traditionnel.
Nick Dudman, créateur du Joker Jack Nicholson dans Batman de Tim Burton, ne dira pas le contraire. «La base, un masque sculpté à partir d’une empreinte latex (mais respectant au poil près les machiavéliques sourcils de Jack), n’a pas été très compliquée à faire. La difficulté, explique-t-il, ce fut le teint. Souvent filmé dans un décor ténébreux, sensé être blanc de craie, il devait rester nuancé dans les plans avec Batman, lui-même tout en noir, et posait au chef opérateur des problèmes de sur et sous exposition… Il a donc fini par ne plus être blanc. Sur une sorte de fond crasseux, j’ai ajouté des gris sombres, des gris verdâtres obtenus avec un mélange de colle pour prothèses et de peinture acrylique. Moche en vrai mais bon à l’image. Une fois la chose mise au point, ne restait plus qu’à l’appliquer sur Nicholson. Lequel déteste tant être maquillé qu’il avait obtenu par contrat que la séance ne dépasse pas deux heures ; là où j’en aurais aimé le double. » Repris par des amateurs, le masque du Joker fait aujourd’hui l’objet de dizaines de tutoriels sur YouTube.
http://next.liberation.fr/cinema/2014/06/02/cinema-soigner-son-grimage-de-marque_1008019