Des nombreuses expositions qui commémorent la première guerre mondiale, celle qui se tient au Louvre Lens, « Les Désastres de la guerre », se distingue par sa conception et l'ampleur de son champ temporel et géographique. Elle s'étend au monde entier et à deux siècles, du Premier Empire à aujourd'hui. Elle mobilise la plupart des moyens d'expression visuelle en usage durant cette longue période, de la peinture selon George Grosz ou Felix Nussbaum à l'installation selon Mona Hatoum ou Jean-Jacques Lebel. La photographie y tient une place centrale, de Roger Fenton à Sophie Ristelhueber, et le cinéma n'en est naturellement pas absent.
Cela fait autour de 200 artistes et de 450 œuvres et documents, répartis en douze chapitres avec clarté et sobriété. Une vingtaine de conflits y sont étudiés, dont quelques-uns auxquels on ne songe guère d'habitude en France, la guerre de Sécession aux Etats-Unis de 1861 à 1865 ou celle des Bœrs en Afrique du Sud de 1899 à 1902.
L'HORREUR DES AFFRONTEMENTS ET DES CARNAGES
Pourquoi cette ampleur ? Pourquoi avoir commencé il y a si longtemps et être allé voir si loin ? Ce n'est pas le souci de l'exhaustivité qui a animé l'auteure de l'exposition, l'historienne Laurence Bertrand Dorléac. Elle n'a pas cherché à énumérer toutes les batailles des deux derniers siècles. Il y en a eu infiniment trop, des mondiales et locales, des civiles et des coloniales – ce que chacun sait.
Chacun sait aussi, du moins de façon théorique, l'horreur des affrontements et des carnages. Le propos des « Désastres de la...