Parlant du musée qui ouvre ses portes à Rodez le 31 mai et qui porte son nom, Pierre Soulages a souvent dit ces derniers temps qu’il ne voulait pas, surtout pas, d’un « mausolée ». Tout en comprenant ce refus, on avait peine à croire qu’il puisse l’éviter.
Toutes les conditions semblaient remplies : l’hommage de sa ville natale, d’autant plus solennel qu’il est plus tardif, Soulages étant né dans le chef-lieu de l’Aveyron en 1919 ; un emplacement en vue, guère loin de la cathédrale ; une architecture impressionnante de sobriété ; une collection imposante nourrie par deux donations consenties par Pierre et Colette Soulages, l’une de près de 500 pièces en 2005, l’autre de 14 toiles en 2012. S’ajoute à ces facteurs la forte présence de l’artiste dans l’actualité : rétrospective au Musée national d’art moderne en 2009, remarquable exposition de ses œuvres récentes au Musée des beaux-arts de Lyon en 2012. Ces manifestations ont voyagé et une exposition a lieu à New York, jusqu’au 27 juin.
On ne s’attend donc pas à être surpris dès la première salle. Mais Soulages a tenu parole : loin d’avoir le sentiment de pénétrer dans le mausolée du grand homme, on a celui d’entrer dans son atelier, tel qu’il est juste après la fin de la seconde guerre mondiale, quand Soulages vient à Paris, en banlieue d’abord, à Montparnasse, rue Victor-Schœlcher ensuite. Sentiment d’autant plus fort qu’une photo aux dimensions du mur montre le peintre parmi instruments et toiles. Toiles qui sont, pour certaines, accrochées à proximité et qui, pour beaucoup, étaient jusqu’ici méconn...