• Rio, la funk au corps

    Rio, la funk au corps

    Suellen Santos et Roberta Petraglia, 16 et 13 ans, danseuses du groupe des Desejadas, après un show dans leur quartier de Pavuna, Zona Norte de Rio, en 2014.Suellen Santos et Roberta Petraglia, 16 et 13 ans, danseuses du groupe des Desejadas, après un show dans leur quartier de Pavuna, Zona Norte de Rio, en 2014. (Photo Vincent Rosenblatt. Steven Kasher Gallery)

     

    Le photographe Vincent Rosenblatt a immortalisé ces fêtes géantes de favelas traquées par la police et en voie de disparition.

    Ces photos de fête et de corps qui se frottent appartiennent déjà à un autre monde. Depuis dix ans, le photographe français Vincent Rosenblatt, installé à Rio, a plongé régulièrement dans les baile funk qui s’organisaient dans les favelas. Des fêtes géantes, dures et codifiées, qui étaient aussi «un moment de circulation important entre favelas, expliquait-il cette semaine par téléphone. On venait y prendre le pouls de la ville, des relations entre hommes et femmes, des guerres de territoire». Et surtout draguer ou danser au son d’une musique qui s’est construite depuis les années 80 en mélangeant des percussions omniprésentes, des grosses basses empruntées au sud des Etats-unis, des improvisations hip-hop salaces et une énergie qui va bien au Brésil, pays jeune, inégalitaire et explosif.

     

    • Mon homme de Rio

      Par Alice Rey

    A voir aussi : Un diaporama sur le travail de Vincent Rosenblatt sur les derniers baile funk de Rio.

    «Il y avait jusqu’à 500 baile funk dans Rio chaque semaine», continue Vincent Rosenblatt, qui est tombé raide devant cette culture autonome venue de la rue, à laquelle il s’est intégré pour en comprendre les codes, gagner la confiance des DJ et des danseurs. «Mais, désormais, le silence règne. Tous ces baile, qui avaient survécu aux problèmes des favelas, drogue ou pas drogue, sont interdits dans les quartiers que le gouvernement a "pacifiés" en y envoyant la police», notamment en prévision du Mondial. Depuis 2007, ces unités spéciales ont en effet le droit d’interdire toute manifestation culturelle qu’elles jugent contraires à la sécurité ou simplement à leurs mœurs. La fête s’est aujourd’hui repliée «dans les derniers baile des Zona Norte ou Oeste, où les funkieros risquent leur vie» pour continuer à faire danser, mais aussi pour entretenir une économie qui s’est créée autour de ces rassemblements électroniques qui attiraient des milliers de personnes. «Parfois, la police se fait payer pour que le baile ait lieu, et la mairie de Rio vient de voter un financement pour soutenir cette musique. Mais sous son contrôle, bien encadrée.»

    Vincent Rosenblatt continue de courir les quelques fêtes qui se glissent dans les interstices de cette reprise en main mal vécue, et de projeter de temps en temps ses photos - l’un des rares témoignages de l’intérieur de cette période faste du baile funk - sur les murs des favelas. La musique, elle, a trouvé des chemins pour continuer à avancer. Les producteurs utilisent YouTube pour se faire connaître «et leurs morceaux sont joués jusque dans les fêtes des gamins riches de Copacabana», où certains s’en saisissent à leur tour.

     

    Sophian FANEN

     

    http://www.liberation.fr/culture/2014/05/30/photos-finish-pour-les-baile-funk-de-rio_1030385


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