• lon Chaney, l’homme aux mille visages

    L’acteur Lon Chaney et sa palette personnelle de maquillage (1922). Photo Corbis. All Rights Reserved.

    De ce jadis célébrissime comédien venu de la pantomime –il est fils de sourds-muets–, les experts disent qu’il a inventé le maquillage au cinéma. La preuve dans sa mallette personnelle, conservée au Los Angeles County Museum, où s’entassent encore faux nez et fausses dents, pâte graisseuse (l'ancêtre du latex), spirit Gum (un adhésif pour coller postiches, crânes en caoutchouc, mentons en résine, etc.), pâtes à modeler, fils de fer, mues de serpent et œufs frais (pour créer diverses textures de peau), dissolvants, pigments, faux ongles, lentilles oculaires. Plus vernis, fluides, éponges, pinceaux et brosses, ouates, crin et rembourrages.

    C’est à partir d’un matériel de ce genre qu’il mit au point pour le Bossu de Notre-Dame (1923) un dispositif inséré à l’intérieur de ses narines pour en relever la pointe, des disques de plastique implantés dans sa bouche pour faire saillir ses pommettes, et un dentier bien abîmé auquel étaient attachées des petites broches reliées aux coins de sa bouche pour en relever les commissures. Bob Kane, le cartooniste créateur de Batman, s’en inspira pour figurer le Joker. Mais foin de l’artifice: Lon Chaney fut un acteur exceptionnel, capable d’offrir une sensibilité saisissante à l’amputé, au vieillard, à l’aveugle ou au fantôme (de l’Opéra) qu’il incarne ; la technique ne valant que par ce qu’elle apporte à l’interprétation.

    «Puisque le visage d’un homme reflète souvent l’état de son âme et de son cœur, j’essaie de le montrer à travers mon maquillage, mais ce n’est que le prologue.» Dans son dernier film, The Unholy Three en 1930, qui fut aussi sa seule performance parlante, il déguisa sa voix autant que son corps. Face à l’incrédulité du public, il signa une déclaration sous serment attestant que les cinq voix que l’on entend dans le film (le perroquet, la poupée, le ventriloque, la vieille femme et la fille) étaient bien toutes issues de son seul gosier.

    Maïté TURONNET

     

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  • Cinéma: soigner son grimage de marque


     

    Sandra Bullock, à nu et à l’os

     

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  • Cinéma: soigner son grimage de marque

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  • Cinéma: soigner son grimage de marque

    Créatures de rêves et monstres de tout poils : comme jadis au théâtre, acteurs et actrices de cinéma ne s’imaginent pas sans maquillage. Mais ce qui hier était encore un métier artisanal devient une science à la pointe du numérique. Retour sur cinq visages de l’usine à rêves.

    Qu’est-ce que le maquillage sinon une mise en scène? Une représentation de soi (ou de « l’autre », comme dirait Rimbaud)? Figures imposées de la séductrice aux lèvres flamboyantes, de la sportive au teint hâlé, de l’élégante poudrée, de la rockeuse à eye-liner, de la jeune fille au gloss «naturel». La servante Dorine a les joues plus rouges qu’Agnès l’ingénue, Dona Josefa est une duègne revêche et ridée, aussi voûtée que le chenu Géronte ; et quand le valet Sganarelle va mal rasé, Dom Juan a la bouche vermeille et la perruque talquée.

    Tournant 1910, les grimages théâtraux s’adaptent à l’hasardeuse sensibilité de la pellicule dans les premiers studios hollywoodiens: certains visages sont badigeonnés d’un vert martien censé camoufler les rougeurs, ou de parme pour blanchir la peau. L’œil charbonneux de Musidora doit autant au caractère du personnage qu’à la nécessité d’imprimer l’image. Réalisé au pastel gras ou à la suie, cet artifice donne naissance au crayon pour les yeux actuel. Les faux cils, eux, sont l’œuvre du célèbre Max Factor pour une starlette nommée Phyllis Haver (idem le fond de teint « pancake »). Quant à l’eye-liner, inspiré, dit-on, par l’allumette consumée que Marlène Dietrich utilisait pour intensifier son regard, on le doit aux frères Westmore, fondateurs d’une dynastie toujours active.

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    En 1969, le dénommé John Chambers reçoit un Oscar d’honneur pour la Planète des singes. Onze ans plus tard, il met au point la transformation physique des diplomates confinés dans l’ambassade américaine de Téhéran, leur permettant, comme raconté dans le film de Ben Affleck Argo, de se faire passer pour des cinéastes canadiens en repérage et les aider ainsi à sortir du pays. Les make- up artists peuvent faire des miracles.

    Marilyn Monroe, clown sublime

    Marilyn Monroe (1947).Marilyn Monroe (1947). Photo Corbis All Rights Reserved. 

    Moins bien payée que les chefs maquilleurs de ses dix premiers films (jusqu’à Niagara, 1953), Marilyn aurait pu se farder seule et dans le noir. Elle savait comment agrandir son regard en soulignant l'intérieur de sa paupière de crayon blanc. Coupait ses faux cils pour n’utiliser que la moitié extérieure. Touillait ses rouges à lèvres en mélangeant plusieurs couleurs entre elles. Et n’omettait jamais de s’enduire le visage d’une crème aux extraits hormonaux, cause du duvet aussi imperceptible que formidable attrape-photons, qui tapissait sa peau. La photogénie expliquée par les perturbateurs endocriniens… Un fond de teint très pâle, pareille la poudre, à peine de blush, des cheveux décolorés: c'est le look blanc sur blanc dit de «la taie d’oreiller sale» comme elle l’avait elle-même défini.

    Pour Olivier Echaudemaison, directeur artistique chez Guerlain «ce look quasi clownesque serait un désastre sur quelqu'un d'autre: le blond demande une carnation rosée alors que la sienne est très claire. Et normalement, une bouche rouge soulignée ne convient pas à une chevelure platine. Mais sur elle, c’est formidable».

    Aussi douée fût-elle, miss Monroe bénéficia tout de même de l’aide d’un vrai pro, Allan Whitey Snyer, qui pendant des années, témoin de l’intime, ne la quitta pas d’un pas, devenu l’un de ses plus chers amis. En 1952, elle lui soutira la promesse de la faire belle jusqu'au tombeau: dix ans après, anesthésié au gin, le brave homme tint parole, juste avant la mise en bière.


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  • Maguy Marin fait tomber les masques et les costumes

    LE MONDE | 30.05.2014 à 10h37 • Mis à jour le 01.06.2014 à 20h15 | Par Rosita Boisseau

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